Le coin des 5èmes

Le Printemps poétique des 5èmes 4

Par MARIANNE BOE-BAJONCZAK, publié le jeudi 7 février 2019 11:55 - Mis à jour le jeudi 25 avril 2019 11:20
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Voici le thème du Printemps des poètes : la beauté

Les élèves présenteront une anthologie de poèmes sur le thème de cette année : la beauté. Ils présenteront les auteurs et expliqueront pourquoi ils ont choisi leur poème.


 

Ôtez votre beauté, ôtez votre jeunesse


 

Ôtez votre beauté, ôtez votre jeunesse,
Ôtez ces rares dons que vous tenez des cieux,
Ôtez ce bel esprit, ôtez-moi ces beaux yeux,
Cet aller, ce parler digne d'une Déesse :

Je ne vous serai plus d'une importune presse
Fâcheux comme je suis : vos dons si précieux
Me font, en les voyant, devenir furieux,
Et par le désespoir l'âme prend hardiesse.

Pour ce, si quelquefois je vous touche la main,
Par courroux votre teint n'en doit devenir blême :
Je suis fol, ma raison n'obéit plus au frein,

Tant je suis agité d'une fureur extrême.
Ne prenez, s'il vous plaît, mon offense à dédain,
Mais, douce, pardonnez mes fautes à vous-même.

Pierre de Ronsard.


 


 

Pierre de Ronsard

 

 

 

 

 

(né en septembre 1524 au château de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois, et mort le 27 décembre 1585 au prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. Il a écrit d’ailleurs 164 poèmes sur les thèmes principaux de l’amour, de la beauté ou encore sur les sentiments. Pierre De Ronsard faisait partie d’un groupe de poètes(La Pléiade) composé de sept poètes français du XVI e siècle, Joachim Du Bellay, Jean Antoine de Baif, Pontus Tryhard et de Etienne Jodelle ont fait partie.  

Pierre de Ronsard est d’ailleurs un Célèbre poète français du XVIe.

Terminus

J’ai pris un train en sens inverse.
La voie était semée de roses
et de ronces blessées.
Les rails recouverts
de charbons bleus métalliques.

Le ciel lourd de promesses
non tenues, de rêves déchus, diffus,
de désillusions tues, de séparations.

Et sous la désolation de ce jour gris,
je regardais, égarée, mon corps
scarifié de silence et de nuit.

Le trajet était long,
sans précise destination,
comme dans un train fantôme
effaré de solitude crue, atone
au parfum déjà suri
de cendre et de suie.

Au terminus, j’ai respiré
un arôme de mort et de pluie.

Alix Lerman Enriquez, 2018

 

Alix Lerman Enriquez est poétesse.Est née à Paris le 5 mai 1972 Depuis très longtemps, elle s'adonne à l'écriture poétique

À Albert Mérat.


J'ai peur d'avril, peur de l'émoi
Qu'éveille sa douceur touchante ;
Vous qu'elle a troublés comme moi,
C'est pour vous seuls que je la chante.


En décembre, quand l'air est froid,
Le temps brumeux, le jour livide,
Le cœur, moins tendre et plus étroit,
Semble mieux supporter son vide.


Rien de joyeux dans la saison
Ne lui fait sentir qu'il est triste ;
Rien en haut, rien à l'horizon
Ne révèle qu'un ciel existe.


Mais, dès que l'azur se fait voir,
Le cœur s'élargit et se creuse,
Et s'ouvre pour le recevoir
Dans sa profondeur douloureuse ;


Et ce bleu qui lui rit de loin,
L'attirant sans jamais descendre,
Lui donne l'infini besoin
D'un essor impossible à prendre.


Le bonheur candide et serein
Qui s'exhale de toutes choses,
L'oppresse, et son premier chagrin
Rajeunit à l'odeur des roses.


Il sent, dans un réveil confus,
Les anciennes ardeurs revivre,
Et les mêmes anciens refus
Le repousser dès qu'il s'y livre.


J'ai peur d'avril, peur de l'émoi
Qu'éveille sa douceur touchante ;
Vous qu'elle a troublés comme moi,
C'est pour vous seuls que je la chante.

René-François Sully Prudhomme.

Beauté des femmes…

Paul Verlaine

Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal,
Et ces yeux, où plus rien ne reste d’animal
Que juste assez pour dire : « assez » aux fureurs mâles !

Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
Même quand elle ment, cette voix ! Matinal
Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal,
Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !…

Hommes durs ! Vie atroce et laide d’ici-bas !
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats,
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,

Quelque chose du cœur enfantin et subtil,
Bonté, respect ! Car, qu’est-ce qui nous accompagne,
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?

Paul Verlaine, Sagesse (1881)

Biographie de Paul Verlaine

 

Paul Verlaine est poète et écrivain français. Il est né le 30 mars 1844 à Metz. A 22 ans, il publie son premier poème en 1866. Verlaine rencontrera plus tard Arthur Rimbaud en septembre 1871. Leur vie amoureuse se terminera à Bruxelles car Paul blesse Arthur au poignet avec un revolver. Paul Verlaine passera 2 ans en prison. Il mourra à 51 ans le 8 janvier 1896 d'une pneumonie aiguë.